Histoire

Quelques dates

Le rocher qui porte la Citadelle a de tout temps été fortifié.

Il ne reste rien de l’oppidum romain, pas davantage du château fort du haut Moyen-Âge, fait de palissades et de tours précaires. La forteresse qui couronne la ville aujourd’hui est un ensemble d’ouvrages d’époques très diverses, fruit de modernisations et de reprises successives. Le rempart supérieur, ou chemin de ronde, ponctué d’un puissant donjon, date du XIIIe, voire du XIIe siècle. Deux autres tours s’y élevaient, arasée pour l’une (à l’ouest), abaissée pour l’autre. À cette ligne de couronnement, on a adapté, au XVIe siècle – après les dommages des guerres de Religion – au nord et au sud, un étagement d’ouvrages bastionnés auquel venait s’attacher le rempart enserrant la cité depuis le XIVe siècle. La face sud comporte quatre enceintes fermées de portes bien défendues, pour certaines, par des ponts-levis. La face nord, que Vauban (1633-1707) appellera “l’Hiver” pour sa froidure, n’en compte que trois, très remaniées au XIXe siècle. Ces ouvrages, attribués sans raison à Jean Errard (ingénieur des fortifications de Picardie et d’île de France), sont plus sûrement l’œuvre de Jehan Sarrazin, ingénieur du roi dans la deuxième moitié du XVIe siècle.

En 1692, Vauban, après l’invasion de la haute vallée de la Durance par le duc de Savoie Victor Amédée II (1675-1730), conçut pour Sisteron un vaste plan de défense intéressant la ville et la forteresse. De l’ambitieux projet, seuls la poudrière et un puit (au nord) furent réalisés.

De 1842 à 1860 – la Savoie et le Comté de Nice ne sont pas encore français – d’ultimes travaux tendent à mettre à jour la Citadelle. Se référant aux recommandations de Vauban, on relève les courtines, on ouvre les deux portes charretières de la face sud. Au nord, la deuxième enceinte est remaniée et une citerne aménagée pour recueillir les eaux pluviales. Des casemates s’élèvent, protégées d’escarpes. On creuse l’escalier souterrain reliant la forteresse à la porte nord de la ville.

À partir de 1863, seuls des crédits d’entretien sont alloués. La Citadelle a perdu sa valeur de fortification avec l’apparition de l’artillerie rayée permettant des tirs à très longue portée et, en 1894, c’est le déclassement militaire de la place forte. La Citadelle devient centre de détention pour les prisonniers allemands pendant la Première guerre mondiale.

Elle est classée monument historique en 1925 et rachetée par la Ville en 1928. Un théâtre de verdure y est créé. Il accueille un festival de théâtre, un des premiers de France. Une nouvelle vie commence…

En 1940, elle est réquisitionnée et devient « centre de séjour surveillé », des bâtiments provisoires y sont érigés. En août 1944, le bombardement de la Ville lui cause d’effroyables blessures que, depuis 1956, l’association Arts, Théâtre, Monuments (ATM) panse peu à peu avec le produit des entrées.

Texte P. Colomb et E. Robert

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